L’année 2020 s’achemine doucement vers la fin de son chapitre, à l’aube d’une nouvelle année, l’heure du bilan a sonné.
La place du continent dans le bilan désastreux d’une année impactée par une crise sanitaire sans précédant
En effet, c’est une année qui inexorablement laissera son empreinte dans les esprits encore un long moment. La crise sanitaire de la Covid-19 a rendu amorphe les différents continents mais surtout à révéler les carences criardes des états Africains. Elle a mis en lumière l’amplitude de la dépendance pathologique des gouvernements africains vis-à-vis de ses partenaires occidentaux ou encore de la Chine. La mise à disposition de fonds monétaires, le déplacement du personnel de santé ou encore l’importation de matériels hospitaliers ne sont que de piètres exemples qui viennent illustrer un appel à l’aide strident émis par des populations longtemps abandonnées au profit des intérêts économiques de leurs dirigeants.
Néanmoins, si cette crise a su mettre en exergue les carences déjà bien connues d’un système en échec, elle a également démontré l’importance des acteurs du secteur privé, et de la place prépondérante qu’ils doivent avoir au cœur de nos sociétés. Ainsi, face à la menace d’une crise sanitaire sans précédent dans notre histoire moderne, mais également d’une image ternie auprès de la communauté internationale, l’association de certains gouvernements avec des entités économiques locales a permis de faire bouger les lignes. On peut citer à titre d’exemple l’aventure commune entre une entreprise Togolaise et le gouvernement Ghanéen. Cette dernière visant à la mobilisation d’engins aériens a permis la réception et le ravitaillement en masques chirurgicaux dans toute la sous-région.
Ainsi, si cette crise a su rappeler que l’aide extérieure a toujours été au cœur du développement du continent, elle a également démontré la nécessité pour celui-ci de la mise en place d’infrastructures permettant la fluidité des échanges. De ce fait, le secteur de la logistique visant l’ensemble des activités ayant pour objectif la détermination des parcours et les modes d’acheminement des produits, des personnes et des valeurs mobilières se place à l’épicentre d’une perspective d’évolution.
La logistique en tant que porte de sortie vers le renforcement d’une économie locale en plein essor
L’Afrique comprend plus d’un milliard d’habitants répartis dans 54 pays ayant un accès inégalitaire aux ressources naturelles. Les points d’ouvertures vers le commerce extérieur tels que les ports et les aéroports peuvent être limités dans les régions fortement enclavées, dites de l’hinterland. Il y a donc bien un marché qui réside dans la nécessité de fournir ces régions en produits importés. Ceci est d’autant plus véridique que les populations africaines ont tendance à consommer davantage de produits issus de l’importation que des denrées locales. Additionné à cela, l’augmentation grandissante de la classe moyenne rend la nécessité d’importer de plus en plus primordial. Ainsi, tout l’enjeu de la logistique va résider dans la capacité des états à acheminer des produits à moindre couts et en un temps records. Il en va de leur compétitivité à l’échelle internationale et certains l’ont bien compris !
Avant la crise de la Covid-19, les indicateurs de croissance économique étaient au vert. Ainsi, une croissance annuelle de 5% du volume de conteneur en Afrique de l’Ouest[1] avait été anticipée pour 2021. De telles prédictions ont poussé les gouvernements et leurs partenaires à un investissement massif dans la modernisation des ports maritimes. Plusieurs ports se sont dotés de terminaux en eaux profondes et les ont alignés à l’échelle des standards internationaux. La lutte pour le statut de hub régional pouvait donc commencer. D’importants travaux ont été entrepris aussi bien à Lomé, Abidjan, San Pédro, ou encore Dakar pour ne citer que ceux-là. Malheureusement, l’investissement sur l’activité portuaire au détriment des corridors est sans effet. S’il est important de pouvoir réceptionner des produits dans de bonnes conditions, il l’est d’autant plus d’établir un réseau terrestre structuré afin de permettre l’acheminement rapide et sécuritaire des produits à l’intérieur du continent.
La nécessité première va donc être la mise en place de plans de développements économiques régionaux. Ceux-ci étant effectué au travers de communautés existantes telles que la CEDAO ou la CEMAC, ces plans de développements doivent organiser la passation de Partenariats Publics-Privés (PPP) qui viendront accentuer l’émergence de projets permettant la création de réseaux de communication intracontinental. L’objectif sur le long terme étant l’apparition d’un commerce intra-africain susceptible de protéger le continent contre les chocs économiques extérieurs[2]. Ainsi, la réelle amélioration des réseaux routiers, la mise en place de transports de masses au travers de canaux de communication ferroviaires et aériens est indispensable !
De nombreux projets allant dans ce sens ont été entamés. Au Gabon, La Transgabonnaise est un projet de corridor autoroutier de 780 km qui a été annoncé il y a fort longtemps. Il a pour prétention de relier Libreville à Franceville en traversant le pays de l’Est en Ouest afin de ravitailler la capitale en denrées issues des grandes régions agricoles. En Afrique de l’ouest, le corridor routier reliant Abidjan à Lagos en passant par Cotonou, Lomé et Accra a été discuté mais n’a jamais vu le jour.
Les limites sociales et institutionnelles au cœur du ralentissement de l’entreprenariat dans un secteur en pleine croissance
Enfin, l’enjeu ultime de la logistique sera de pouvoir s’adapter au changement du mode de consommation des populations. En effet, de plus en plus touchées par la digitalisation et l’essor du e-commerce, simplicité et rapidité sont maintenant à l’ordre du jour. C’est ainsi que le terme de « logistique à valeur ajoutée » va prendre tout son sens. Celui-ci désignant l’ensemble des moyens permettant d’assurer une meilleure gestion des processus, il va permettre l’apparition de concepts novateurs proposant des services plus performants concernant la gestion de stocks, la réception de produits, les techniques de livraisons et bien d’autres.
C’est ce désir de changement des modes de consommation qui pousse aujourd’hui des start-up telles que Domaloo à corréler technologie et logistique de transport afin de répondre à la demande de plus en plus accrue et diversifiée du consommateur Africain. Ce dernier observant son pouvoir d’achat considérablement s’améliorer, il demeure néanmoins frustré par le manque d’accès aux produits au dernier kilomètre. C’est donc avec ingéniosité et innovation que Domaloo va donc lui proposer grâce à son service de crowdshipping un accès direct au marché occidental et ceci à moindres couts !
Malheureusement, cette bonne volonté ne suffira pas à elle seule à résoudre les problèmes que rencontrent le continent. En plus d’un réel manque d’infrastructures, la difficulté pour ces entreprises à avoir accès à un financement décent est considérable. Les prêts aux entreprises sont accordés à des taux d’intérêt allant de 12 à 20 %, selon la Banque africaine de développement (BAD). En conséquence, la majeure partie de ces entreprises n’arrivent pas à évoluer au-delà de la première année. Il faudrait donc un effort commun de l’ensemble des acteurs afin de pouvoir mettre un coup de boost à ce processus qui s’avère encore long. C’est une synergie des acteurs qui va réellement permettre de faire bouger les lignes. Cependant, ces entrepreneurs sont fermement résolus à faire évoluer leur activité dans une Afrique en pleine expansion économique.
[1] West Africa Container Trade (2018), groupe Dynamar
[2] Rapport sur le commerce en Afrique, Afreximbank